Madeleine Berre, la patronne

Madeleine-Berre

Le charme et la poigne. Deux qualités que réunit Madeleine Berre. Associée au cabinet Deloitte au Gabon, elle a pris depuis décembre 2013 la tête de la Confédération patronale gabonaise (CPG). 


 

Mariée et mère de trois enfants, âgée de 49 ans, Madeleine Berre figure parmi les personnalités qui comptent à Libreville.  Elle est la fille de la regrettée Rose Francine Rogombé, première femme magistrate du Gabon, ancienne présidente du Sénat. Elle a plus de 20 années d’expérience dans le métier de conseil juridique et fiscal et est membre actif du patronat gabonais depuis 2005. Lequel pèse 80 % du PIB et représente 90 % de l’emploi dans le secteur privé.

L’arrivée de Madeleine Berre à la tête du patronat, élue avec 33 voix sur 40, n’a pas surpris. Femme à la personnalité affi rmée, le sourire toujours aux lèvres, elle a poursuivi les chantiers lancés par son prédécesseur, le très infl uent Henri-Claude Oyima, PDG de BGFI Bank. En y apportant sa touche personnelle.

« La jeune fille d’aujourd’hui a la fibre entrepreneuriale »

Elle met l’accent aujourd’hui, sur deux réformes essentielles pour le Gabon. Celle du Code général des impôts visant notamment à favoriser la création d’une fiscalité plus dynamique et encourageante pour l’investissement. Elle vise la création d’un cadre fiscal dédié à la mobilisation de l’épargne des salariés, des entreprises et des ménages, véritable levier de financement de l’économie notamment dans des projets liés au développement du logement social, de l’éducation et de la santé.

Et celle portant sur la révision du Code du travail de façon à ce que cet outil puisse mieux accompagner l’ambitieux projet de développement du pays, à partir de règles souples, flexibles, modernes, capables de garantir l’équilibre entre productivité de l’entreprise et droits des travailleurs. En outre, elle est fortement impliquée dans la problématique du règlement de la dette intérieure où la Confédération patronale gabonaise prend une part active.

Discrète de nature, Madeleine Berre pousse les femmes à prendre le devant de la scène dans le secteur privé. « Dans mon pays, la femme a toujours eu une place forte au sein des institutions publiques. La jeune fille gabonaise a toujours eu des modèles de réussite professionnelle dans le secteur public. Dans le privé, c’est beaucoup moins évident ».

En effet, lorsque l’on observe la cartographie du secteur privé, on relève peu de femmes au sein de l’exécutif. Néanmoins, on constate la progression d’un tissu entrepreneurial féminin, qui réalise des résultats probants. « La jeune femme d’aujourd’hui a plus la fibre entrepreneuriale. La génération des 25- 35 ans est beaucoup plus sensible aux affaires . Elles ont le courage d’oser entreprendre et de réussir, et elles méritent d’être mises en avant. La valorisation de ces réussites est limitée par la forte absence de réseaux féminins qui pourraient ser vir de levier de promotion et de reconnaissance… Ces réseaux devraient aider les femmes à se str ucturer, à penser des business plans, des plans d’affaires nécessaires à l’obtention de financements ».

Madeleine Berre participe activement aux forums dédiés à l’entrepreneuriat ou au leadership féminin. « Les femmes ont besoin de se mettre en avant, mais on observe dans les faits, une certaine réticence à l’exposition et une pudeur, probablement liées à notre éducation ou notre hérit age culturel. Mais aujourd’hui, les choses évoluent et les femmes ont de plus en plus droit à une expression publique. Nous devons aller plus loin et revendiquer la présence de la femme comme leader, comme actrice incontournable du développement économique. La femme leader, la femme d’affaires, la femme publique, la femme agricultrice ou artisane doit pouvoir avoir sa vitrine, en incarnant un modèle à suivre ».

Il faudra compter sur Madeleine Berre pour profiter de son mandat à la tête du patronat afin de bousculer les habitudes au Gabon et continuer à mettre en avant les femmes entrepreneures.

 


 

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