Clothilde Jean-Baptiste, écrivaine : « Je laisse parler mon inspiration »

Après Magnifique, couleurs !, Clothilde Jean-Baptiste revient avec un nouveau roman. Elle publie également un travail issu de son activité d’animatrice d’atelier d’écritures, à Montpellier, dans le sud de la France.

 Par Serges David

Votre nouveau livre Lettre d’Amor sera publié sous peu par la maison d’édition Edilivre. Quel en est le sujet ?

Lettre d’Amor évoque une lettre d’amour destinée au défunt fiancé d’Anaé, l’héroïne de ce roman. Cette première lettre annonce la venue d’autres lettres qui viendront troubler la jeune femme. Cependant, ce qui la troublera le plus, ce sont les visites du fantôme de l’ex-petite amie de son fiancé qui vient de décéder !

couverture Lettre d'Amor

couverture Lettre d’Amor

On nous dit que Lettre d’Amor s’impose aussi comme « une histoire d’amour passionnée et torturée pour le personnage principal ». À ce point ?

Elle est passionnée et torturée en effet, car le drame et l’autre monde s’invitent dans la vie d’Anaé qui est une jeune créatrice de robe de mariée, belle, prometteuse, talentueuse et romantique.

Vous vous seriez inspirée des actrices Amber Riley et Déborah Lukumuena pour la narration de Lettre d’Amor. Comment est venue cette inspiration ?

Amber Riley et Deborah Lukumuena m’ont davantage inspirée pour le physique d’Anaé. J’avais envie de mettre en avant une belle femme ronde sans pour autant tourner l’intrigue sur le sujet des formes. J’en parle certes, mais peu.

L’écriture créative me permet d’emmener des personnes analphabètes ou illettrées vers la pratique de la langue en prenant plaisir. Elles amènent un peu d’eux durant les ateliers, et je les accompagne en pointant davantage le positif.

En plus, j’aime beaucoup ces actrices. Et quand j’écris, j’imagine à quoi pourrait ressembler les personnages. Pour Anaé, Amber Riley et Déborah Lukumuena sont apparues comme une évidence.

Certes, elles vous ont inspirée, mais d’où est parti le déclic pour ce livre ? Vous avez semblé indiquer que le confinement vous a été utile…

Le confinement m’a permis de revenir sur l’histoire, mais c’est dans un atelier d’écriture créative que l’idée m’est venue.

Dans la proposition d’écriture, il fallait mettre en avant dans son texte une personne qui a une position importante qui se retrouve déstabilisée par un subordonné. J’ai choisi le professeur et son élève, mais en utilisant un autre angle. Les lettres sont les témoins de cette histoire d’amour.

Outre ce livre, vous êtes en passe de publier une collection de recueil de textes. Ce, dans le but d’accompagner les personnes qui le souhaitent vers une demande de carte de séjour. Pourquoi cette démarche ?

Je dirais que « nous sommes en passe de publier », car bien que je sois à l’initiative du projet, il n’aurait pas vu le jour sans les quatre participantes de l’atelier pratique du français que j’anime pour l’association Solidarité Dom-Tom Hérault. D’ailleurs, si cette association ne m’avait pas permis d’intervenir comme animatrice d’atelier d’écriture, je n’aurais jamais organisé un tel projet avec ma maison d’édition Edilivre.

bien-etre et écriture logo

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J’espère que cette expérience leur permettra de voir à quel point les participantes ont réalisé de belles choses et que l’apprentissage et le français peuvent se découvrir avec beaucoup de plaisir !

La ville de Montpellier, la région Occitanie, le département de l’Hérault et le Commissariat général à l’Égalité des territoires accompagnent les associations dans le développement des cours d’alphabétisation. De ce fait, j’ai pu développer mes ateliers d’écriture créative et permettre à ceux qui le souhaitent d’apprendre différemment afin de pouvoir accéder à un travail ou au titre de séjour.

Dans cette collection de recueil de textes, vous mettez en perspective l’écriture créative avec des non-francophones. À quelle réalité cela renvoie-t-il ?

Beaucoup de personnes sont analphabètes, beaucoup de personnes sont illettrées. Nombreux sont ceux qui ne parlent pas français en dehors des ateliers pratiques du français. La plupart des cours d’alphabétisation est très scolaire et basée sur la théorie. L’écriture créative me permet d’emmener vers la pratique de la langue en prenant plaisir, les participants amènent un peu d’eux durant les ateliers, et je les accompagne en pointant davantage le positif.

Quel est l’intérêt aujourd’hui de mettre la lumière sur des personnes non-francophones dans un espace franco-français ?

Les personnes non-francophones sont parfois là depuis dix ou quinze ans, et ont des difficultés à montrer ce qu’elles vivent ou ce qu’elles pensent vraiment de la société. Je voulais surtout mettre en lumière nos points communs plutôt que nos différences. C’est pour cela que nous avons travaillé sur la pudeur, les recettes liées à un souvenir et la description d’un espace de vie. Je le reconnais, je dois cette idée au confinement ! Ce sont ces thématiques que vous allez retrouver dans le recueil, leurs textes sont authentiques, il y a un mélange entre leur vécu et la fiction. Elles se sont fortement engagées dans le projet.

Que deviennent vos héros de « Magnifique, couleurs ! » ?

Ils se reposent… et moi aussi ! Vous savez, l’inspiration elle fait sa vie, elle vient, elle part. Je laisse mes personnages pour le moment, peut-être qu’un jour, ils reviendront à moi.

Clothilde Jean-Baptiste

Clothilde Jean-Baptiste

Et ceux de « Et ils rêvent d’un conte exotique » ?

Je n’y ai jamais pensé, maintenant que vous le dites… Pourquoi pas ? L’avenir nous dira si l’épopée de mes héros antérieurs reprendra. Je laisse parler mon inspiration.

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