Rêver à l’Africaine

Rêver à l’africaine L’exposition Design en Afrique du musée Dapper dévoile un monde voué principalement aux objets supportant le corps. Sièges, lits, appuie-têtes… Formes et fonctions dessinent un mobilier dédié au confort ou au prestige. Leur conception est le résultat d’une réflexion alliant les attitudes, les mouvements, mais aussi les symboles hérités de différentes cultures sur le continent africain.
Par Diane Cazelles design

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Le design a longtemps représenté une activité de production en série et l’utilisation de technologies modernes, dans le cadre de la révolution industrielle. Aujourd’hui, le terme s’adapte à l’univers mobilier créé et fabriqué en Afrique subsaharienne, où des créations contemporaines font écho aux productions antérieures, porteuses de sens et de pratique.

Au-delà du temps et des frontières géographiques, l’exposition du musée Dapper, à Paris, ne vise pas à confronter ancien et nouveau, mais démontre comment les besoins du quotidien stimulent l’inventivité. Le design devient un art car il rassemble à ses fonctions d’utilité d’autres formes d’expressions plastiques qui entretiennent par le jeu de la transmission un dialogue formel et sensible avec les cultures traditionnelles.

Il développe ainsi des esthétiques nouvelles. Par sens pratique et par souci de l’esthétisme, les hommes ont toujours fabriqué des objets répondant à leurs besoins et à leur culture. Les peuples semi-nomades ou sédentaires utilisent un mobilier dont les formes se transmettent de génération en génération, car les objets sont adaptés aux contraintes des espaces habités. De l’intérieur à l’extérieur, ils suivent une codification précise de savoir-vivre et de symboles propres aux croyances et aux rituels de chaque communauté. Le mobilier traditionnel est magnifiquement représenté par les collections du musée et des pièces originales de collections particulières. En Afrique subsaharienne, l’organisation spatiale quis’applique au village et à l’architecture, se prolonge dans les objets du quotidien. Elle détermine leur forme et leur esthétique à travers de merveilleux exemples : l’appuietête des Dinkas (Soudan) ou des Oromos (Ethiopie) ; les sièges des Lobis (Burkina Faso) ou des Mangbetus (République Démocratique du Congo), des Sidamos (Ethiopie) ou encore, des Dogons (Mali).

Elaborer une esthétique nouvelle
Créateur, fabricant et distributeur, le designer africain applique en toute liberté ses réflexions et ses techniques. Quelque suns d’entre eux s’approchent – volontairement ou pas – des formes héritées du répertoire des arts traditionnels. L’environnement immédiat et les matériaux de proximité sont une source d’inspiration pour ces designers. S’ils utilisent largement la récupération, ils n’hésitent pas à travailler avec des artisans locaux, des fondeurs, des soudeurs, des menuisiers… Et bénéficient ainsi de leurs connaissances, contribuant à mettre en lumière des savoir-faire acquis par transmission depuis des générations. Les créateurs affirment leur style à travers cette démarche de recyclage, et révèle avec talent le contexte de leur époque.

Le siège, meuble révélateur
Elément mobilier le plus usité en Afrique, symbole de puissance et objet de première nécessité, le siège offre au designer l’occasion d’affirmer sa maitrise technique et d’exprimer ses ambitions plastiques. Un champ d’exploration démontré par Alassane Drabo (Burkina Faso), Balthazar Faye (Sénégal), Ousmane Mbaye (Sénégal), Cheik Diallo (Mali), Jules-Bertrand Wokam (Cameroun), Vincent Niamien (Côte d’Ivoire)….

Le catalogue :
Design en Afrique – S’assoir, se coucher et rêver : Ouvrage collectif sous la direction de Christiane Falgayrettes-Leveau avec Rahim Danto Barry, Viviane Baeke, Christiane Owusu-Sarpong, Joëlle Busca, Editions Dapper

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