Dialogue politique autour de la ZLECAf, souligne Aden-Osman

Les Associations d’entreprises africaines pour la mise en œuvre de l’Accord de Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) engagent un débat structurant et un dialogue politique autour de cette question les 26 et 27 novembre 2019 au siège de l’Union africaine à Addis-Abeba en Éthiopie.

Par JO

Sous l’égide de la Commission de l’Union africaine (CUA) et la Coalition pour le dialogue sur l’Afrique (CoDA), ce dialogue entre les parties prenantes est organisé conjointement avec la Banque africaine de développement (BAD), la Banque africaine d’exportation et d’importation (Afreximbank) et l’Initiative AfroChampions.

D’ailleurs la directrice exécutive de la CoDa, Souad Aden-Osman situe, les enjeux : « La CoDA est la plateforme reconnue par l’Union africaine pour faire de sorte que les parties prenantes, surtout la société civile, les médias, les intellectuels, entre autres, puissent contribuer aux discussions intergouvernementales sur des sujets comme les flux financiers, la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), entre autres ».

Souad Aden-Osman

Souad Aden-Osman

Et de préciser « Ce sera une occasion de tâter le poule et de voir où est ce qu’on en est. Il y a beaucoup de choses, de tractations, des négociations qui se passent en ce moment dans ce domaine. Cette rencontre permettra à la Commission de l’Union africaine qui est responsable de sa mise en œuvre de partager certaines informations avec les autres parties prenantes et surtout les chambres de commerces. »

Près de 70 délégués sont attendus pour ce Dialogue, représentant des sociétés africaines, des chambres de commerce, des Communautés économiques régionales, des hauts fonctionnaires du gouvernement, des instituts de recherche, et également de l’Union africaine, CoDA, CEA, BAD, Cnuced, Afreximbank, des Banques régionales pour le développement, notamment la Trade and Development Bank, la BIDC de la Cedeao, Bceao, BEAC la SADC Banking Association. La sélection des participants tient compte d’une représentation géographique équitable, et d’une répartition équitable des genres, notamment les femmes et les jeunes.

Objectif principal : L’objectif principal du « Dialogue stratégique des associations des sociétés africaines sur la réalisation de la zone de libre-échange continental » consiste à fédérer les organisations d’affaires, les grands opérateurs économiques afin de leur faciliter une meilleure compréhension des objectifs, structures, politiques sectorielles et dispositions institutionnelles de la ZLECAf, et ainsi appuyer son opérationnalisation afin d’exploiter pleinement les bénéfices de la création d’un marché unique sur le continent.

La Zone de libre-échange continentale est entrée en vigueur le 30 mai 2019, soit 30 jours après le dépôt, par le 22è Etat membre, de son instrument de ratification. Au total 54 sur les 55 Etats membres ont déjà signé cet accord, et 27 ont ratifié.

Est-il besoin de le souligner ? La réalisation de la ZLECAf constitue un autre important jalon sur la voie d’une intégration économique totale du continent africain, telle que jadis conçue par les pères fondateurs de l’Unité africaine, et par la suite, réaffirmée à travers le Plan d’action de Lagos de 1979, la signature du Traité portant création de la Communauté économique africaine en 1991, et la création de l’Union africaine en 2002.

La ZLECAf est un marché de plus de 1,2 milliard de personnes, avec un PIB total de 2,5 milliards de dollar ; et ce, sur la base du nombre total des membres, constitue la plus grande zone de libre-échange du monde. La ZLECAf représente un important pas posé sur la voie de la réalisation de « L’Afrique que nous voulons » telle que déclinée dans l’Agenda 2063.

Les pays africains et les autres acteurs au sein du continent devraient faire preuve d’une meilleure appréciation des enjeux actuels et des contributions attendus de tous. C’est pour cette raison que la 31è session ordinaire de l’Union africaine a convenu de « préconiser de vastes campagnes nationales de sensibilisation afin de permettre à toutes les parties prenantes, notamment l’homme de la rue et les hommes d’affaire en Afrique, d’apprécier et adopter la ZLECAf ».

Pour rappel, l’Union africaine et CoDA ont conjointement convoqué, le 27 mai 2019 à Addis-Abeba, un « Dialogue continental sur le commerce » qui met l’accent sur la mise en œuvre de la ZLECAf. Afin de permettre aux parties prenantes d’approfondir leur compréhension de la ZLECAf, et en réponse aux souhaits exprimés à l’occasion du premier dialogue, l’UA et CoDA ont convenu d’organiser un « Dialogue stratégique des associations des sociétés sur la réalisation de la zone de libre-échange continental ».

Avec la mise en place de la ZLECAf, bon nombre d’arguments militent en faveur de l’attention prioritaire accordée à la tenue de dialogues stratégiques entre les associations des sociétés africaines, notamment les chambres de commerce, les groupements sectoriels.

En Afrique, il incombe au secteur privé d’être le moteur de la ZLECAf, puisqu’il aura pour mission principale la promotion des activités de production et de commercialisation au sein de la zone. L’espace supplémentaire d’échange qu’offre la ZLCA devrait faciliter l’émergence d’une économie d’échelle dans le secteur productif, résultant ainsi à un accroissement du commerce intra-africain.

Le secteur privé en bénéficiera également, puisqu’il est estimé que les échanges intra-africains enregistreraient un accroissement de l’ordre de 52% après le démarrage des échanges en raison uniquement de la baisse des tarifs ; cette estimation pourrait doubler si les barrières non-tarifaires et les lourdes procédures douanières étaient éliminées.

Objectifs immédiats : Le dialogue stratégique permettra d’améliorer la participation du secteur privé à la réalisation de la ZLECAf dans les perspectives ci-après : Permettre une meilleure compréhension des actions de la ZLECAf dans le contexte de l’intégration régionale africaine.

Développer les connaissances et l’expertise des organisations du secteur privé, étant donné leur rôle de moteur de la croissance économique de l’Afrique ; Bâtir un partenariat effectif entre les gouvernements africains et le secteur privé en vue de l’opérationnalisation de la ZLECAf.

Accroître la participation des sociétés africaines, les associations d’affaire et les chambres de commerce dans les procédures relatives à la ZLECAf ; Accroître les actions du secteur privé visant l’opérationnalisation de la ZLECAf, notamment par le biais des ratifications et négociations plus rapides ; Renforcer l’esprit de la participation de tous et du dialogue en faveur de l’intégration régionale africaine, particulièrement l’Agenda 2063.

Les sociétés africaines auront également à jouer un important rôle dans la promotion de l’industrialisation du continent et le développement des chaînes de valeur. Maintenant que la ZLECAf entre dans sa phase opérationnelle, il convient de relever qu’il reste beaucoup à faire ; et il est donc important que les sociétés africaines soient conscientes des obligations qui leur incomberont dans années à venir.

Ces obligations sont également relatives à leur contribution à l’élaboration de stratégies et plans d’action ZLECAf au niveau national, à leur soutien aux négociations, aux opportunités créées par la ZLECAf et à utilisation des mécanismes de coopération, de recours et règlement de différends commerciaux.

Les opérateurs du secteur privé devraient donc se familiariser avec les différentes institutions et dispositions relatives à la gouvernance de la ZLECAf, notamment le Secrétariat de la ZLECAf, le Conseil africain des sociétés commerciales, l’Observatoire africain des affaires, et aussi la nature des rapports entre la ZLECAf et les Communautés économiques régionales (CERs).

Les opérateurs économiques africains devraient être sensibilisés par rapport aux potentialités de la ZLECAf afin de créer de nouveaux réseaux d’affaires ; ils doivent collaborer avec le gouvernement dans le domaine de la facilitation des échanges, et être les principaux promoteurs de la ZLECAf.

Résultats attendus

Ce dialogue stratégique aboutira aux résultats suivants : L’accroissement de la contribution du secteur privé en faveur de la réalisation des objectifs de la ZLECAf ; L’amplification du soutien du secteur privé pour l’atteinte des objectifs de la ZLECAf ; L’amplification du rôle du secteur privé dans les processus national, sous-régional et régional relatifs de la ZLECAf ; l’exploitation prompte et opportunes des atouts offerts par la ZLECAf. La production d’une feuille de route pour l’information des membres et le balisage des étapes à venir.

ENCADRE

Quels projets pour quel ordre du jour ?

Le dialogue s’étalera sur deux jours avec la tenue de plusieurs séances plénières ciblant des sujets précis. Chaque plénière comprendra un modérateur, un conférencier et quatre panelistes qui examineront tous les aspects du sujet qui leur sera soumis. La présentation sera suivie d’une séance de questions et réponses. La structure du Dialogue comportera des cérémonies d’ouverture et de clôture, et cinq séances de travail déclinées comme suit :

La séance d’ouverture sera axée sur l’historique, les avantages anticipés et les objectifs visés par la ZLECAf. Il y aura aussi la mise en œuvre de la ZLECAf notamment l’état des lieux, les questions en suspens, les mesures additionnelles. Et surtout le chapitre portant sur les considérations des politiques régionales en convergence avec la ZLECAf. Des questions importantes seront abordées et porteront sur les investissements, la capacité de production, la facilitation des échanges, les infrastructures de facilitation des échanges, les mesures de défense commerciale, la coopération financière régionale, les institutions et structures de la ZLECAf et enfin la ZLECAf, les CERs, la diaspora et les parties prenantes hors du continent notamment sur les opportunités et défis.

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